Pour la première fois, l’hydrogène naturel a fait l’objet d’un sommet international, les 2 et 3 juin 2021. Ce rendez-vous historique a enregistré la participation de quelques 750 personnes, dont de nombreux industriels. Parmi ceux-ci figurait le pionnier de cette ressource, le Malien Aliou Boubacar Diallo. Le PDG d’Hydroma a appelé l’ensemble des acteurs à continuer leurs efforts pour faire bouger les lignes.
L’hydrogène naturel veut se faire entendre. Cette ressource ignorée depuis plusieurs décennies par les industriels vient de connaître son premier sommet international : le H-Nat summit. Cette édition 2021, entièrement en ligne, avait pour but de lancer les bases d’une nouvelle stratégie de l’hydrogène naturel afin de montrer au monde ses atouts et lancer véritablement son développement. Quoi de plus normal pour un gaz présenté comme totalement vertueux par tous les experts de l’énergie. En effet, il est abondant dans la croûte terrestre et renouvelable car produit en continu. Aussi sa fabrication ne rejette aucun CO2 (seulement de l’eau en sort) et ne coûte pas chère contrairement à l’hydrogène vert. D’ailleurs, il est si vert que l’hydrogène vert qu’on l’appelle hydrogène blanc en Allemagne.
Aliou Diallo, pionnier de l’hydrogène naturel
Si les plus sceptiques doutaient de ses qualités, l’hydrogène natif a sur faire ses preuves et de façon brillante. Au Mali, la compagnie Hydroma transforme depuis plus de huit ans cette ressource en électricité propre, près du village de Bourakébougou. Hydroma a confirmé que de sa fabrication, il ne sortait que de l’eau. Elle a aussi prouvé que l’hydrogène naturel était un flux donc renouvelable. Aujourd’hui, cette entreprise est reconnue comme la pionnière mondiale de l’exploitation de l’hydrogène naturel. Son PDG et fondateur, Aliou Boubacar, faisait logiquement partie des invités d’honneur du sommet H-Nat 2021. « J’espère que ce sommet pourra apporter plus de visibilité à l’hydrogène naturel. Nous devons continuer nos efforts pour se faire connaître des décideurs mondiaux », a déclaré le promoteur malien, qui a récemment déploré le lobby néfaste des énergies fossiles.
Elles devront s’adapter ou disparaître
« Aujourd’hui les compagnies pétrolières fabriquent de l’hydrogène avec du méthane. Elles n’ont donc pas intérêt qu’il y ait une autre source d’hydrogène complètement indépendante de leur business de carbone. Et il faudrait qu’on fasse très attention à cela car il ne faudrait pas qu’elles viennent mettre le pied sur l’hydrogène pour l’empêcher de produire parce que tout simplement ça va réduire leur part de marché dans la production de l’énergie dans le monde », avait-il révélé en janvier dernier. Il a aussi prévenu que « Si elles ne veulent pas disparaître, elles devront s’adapter ». Les majors du pétrole le savent, c’est pourquoi ils annoncent des investissements massifs dans l’hydrogène. C’est le cas du groupe Total, dont le PDG Patrick Pouyanné a assuré en début d’année que « le métier de Total sera de produire de l’hydrogène décarboné ».
Des explorations annoncées partout
On peut donc espérer qu’un jour, ces groupes pétroliers s’empareront de l’hydrogène naturel pour en faire leur business. Le pétrolier Santos, par exemple, a déjà donné le ton. Il a lancé des explorations en Australie pour produire très prochainement de l’hydrogène naturel. Hydroma avait annoncé en 2020, des prospections dans ce pays, ainsi qu’au Canada. En Allemagne, la compagnie malienne intéresse beaucoup les autorités fédérales. Celles-ci se sont inspirées de ses travaux à Bourakébougou pour établir le programme allemand de l’hydrogène, qui accorde une place important au blanc.
Même en France, les lignes bougent également. Air Liquide et Engie, entre autres, ont affiché leur intention de se lancer dans l’exploration de l’hydrogène naturel. Un engouement qui fait chaud au cœur d’Aliou Diallo. Il croit être proche de remporter son pari sur l’hydrogène naturel.